Maurice Rocher
1 2 3
Biographie Vie et Peinture Regard sur le peintre Maurice Rocher, par Alain Lemoine
Biographie 

Né le 1er Août 1918 à Evron, Mayenne, ascendances paysannes et artisanales, père employé des chemins de de fer, vit à Evron, Mayenne, jusqu'en 1930. Grand-oncle peintre portraitiste à Laval, commence à peindre à quatorze ans. études au Mans, de 1930 à 1936, école des Arts Appliqués, Le Mans, 1934-1936. En 1936, voyage en Belgique, découverte des Expressionnistes flamands, rencontre de Maurice Denis à l'Abbaye de Solesmes. 1936-1939, Paris, école des Beaux-Arts et Ateliers d'Art Sacré avec Maurice Denis et Georges Desvallières, période mystique, peintures à sujets religieux, vitraux et fresques, nombreux séjours à l'abbaye de Solesmes. 

Se marie en février 1944 avec Geneviève Chevard. 
Cinq enfants de 1944 à 1952. 1947, professeur aux Ateliers d'Art Sacré, fondés par Maurice Denis, cofondateur et professeur au Centre d'Art Sacré, 1948-1952. Pensionnaire à la Casa Vélasquez, Madrid, 1949-1950. 1952, prix de la Jeune Peinture, Paris de 1944 à 1976, nombreux séjours en Espagne, Belgique, Italie, vit à paris de 1944 à 1950, à Versailles et près de Versailles depuis 1950.

Meurt le 12 juillet 1995.
«… plus j’avance, plus l’acte de peindre est jouissance, celle de peindre avec ses doigts trempés dans la pâte colorée, celle de faire des pirouettes, (plastiques), et de retomber sur ses pieds, et à travers ce geste, et dans la folie du geste, de dire la passion, la vie, la mort.
 Bien sûr, il a fallu payer le prix, la liberté est chère, mais demeure la toile gagnée… cette toile dont je ne comprends pas qu’elle soit sortie de moi, dans une bataille folle, et à laquelle je ne peux plus toucher parce que tout est dit pour l’éternité.
 Connu ou inconnu, qu’importe, le vent de l’Histoire balaiera tout et chacun prendra sa place, je ne sais quelle sera la mienne, mais je sais qu’on ne m’enlèvera pas que ma vie et ma peinture ne furent qu’une seule chose. » Maurice Rocher, extrait du catalogue de Troyes (Août 1985)
Grande Dévoreuse n°2 (1989)
Regard sur le peintre Maurice Rocher, par Alain Lemoine 
 "L’œuvre de Maurice Rocher est un long cri probatoire, un cri déchirant face à notre condition prise dans les rets d’un questionnement sans fin. L’expressionnisme de Maurice Rocher n’est pas une approche de l’homme en miroir de lui-même, mais se réclame d’une pensée plus haute, plus exigeante, plus profonde, celle de témoigner de la tragédie humaine, de l’angoisse au-devant du mystère des choses, de la difficulté d’être. Chateaubriand disait que la souffrance était une prière. Dostoïevski s’agenouillait devant elle. L’expressionnisme serait donc sacré, avec toute l’ambiguïté du sens de ce mot, heureusement sorti des seules sentes religieuses ; sacré dès qu’il rend compte du destin, et de ce qui le compose. Les couples de Maurice Rocher suivent leur parcours. Ils naissent, ils vivent, ils meurent. La palette traduit magnifiquement ce cheminement. Le rouge violent de la passion le cède au rose pâle de l’amour déclinant, survient la couleur fauve des affrontements, et bientôt le gris, la cendre des sentiments consumés. De même les suppliciés s’habillent-ils au fil de la palette du même rouge, du même olive, du même gris cendré avant que de franchir le Styx, et c’est la manière des dernières toiles que Maurice Rocher passait à la lame de rasoir, raclant la pâte jusqu’à la trame pour mieux atteindre l’essence des choses ; immatière des suppliciés devenus « vitrail » que la lumière traverse, venue d’un autre monde. Cette manière illustre le propos de Rembrandt disant que toute technique renvoie à une métaphysique. Car il s’agit bien de cela. Une œuvre entièrement vouée à l’interrogation, transcendante et intemporelle, dans le droit fil de celle qui anime la pensée des grands témoins, ces « passants considérables », où la tendresse n’est pas absente pour mieux nous convaincre que, peut-être, tout n’est pas perdu puisqu’existe la solitude partagée."